Créer son entreprise en Europe : classement des pays les plus business-friendly

November 20, 2025
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Créer une entreprise en Europe n’a jamais été aussi simple, ni aussi inégal selon le pays. D’un côté, l’Estonie permet de lancer une société 100 % en ligne, en moins de 24 heures. De l’autre, en France, malgré les efforts de simplification, les démarches peuvent encore prendre plusieurs semaines et mobiliser une bonne part de votre énergie (et de votre trésorerie) dès le départ.

Or, le temps de création, la fluidité administrative et l’accès au financement ne sont pas de simples détails. Ce sont des avantages compétitifs déterminants pour une PME industrielle ou commerciale qui veut se lancer vite, signer ses premiers contrats, et sécuriser sa trésorerie.

Dans cet article, on compare les pays les plus “business-friendly” d’Europe pour les PME, avec un focus clair : facilité de création, accès au crédit, et délais de paiement B2B.

À retenir

  • La vitesse compte : en Estonie ou au Danemark, créer et financer une entreprise prend moins de 10 jours. En France, il faut souvent 3 à 6 semaines.

  • Le crédit pro n’est pas fluide partout : 27 % des PME françaises ont du mal à se financer, contre 10 à 12 % aux Pays-Bas ou en Estonie.

  • Des délais de paiement courts = une trésorerie solide : dans les pays les plus business-friendly, les factures sont payées en 25 à 30 jours. En France, c’est 46 jours.

Classement Doing Business : où en est la France ?

Jusqu’en 2021, la Banque Mondiale publiait chaque année un classement mondial des pays selon la facilité à y faire des affaires (Doing Business Index). Ce classement était basé sur 10 critères, dont :

  • le temps nécessaire pour créer une entreprise
  • l’accès au crédit
  • la fiscalité
  • la protection des investisseurs
  • l’exécution des contrats

⚠️ Le classement Doing Business a été suspendu en 2021 pour des raisons méthodologiques, mais il reste un point de repère structurant, encore souvent utilisé par les organismes comme l’OCDE, le FMI ou la BPI.

La France : progrès, mais encore lenteur et complexité

Selon les derniers résultats valides (Doing Business 2020) :

  • La France était classée 32e mondiale sur la facilité de faire des affaires

  • Pour la création d’entreprise, elle se classait 37e, avec un délai moyen de 4 à 7 jours ouvrés en théorie

  • En pratique, une étude de la Banque de France (2023) estime que le délai réel est plus proche de 3 à 6 semaines, une fois les démarches bancaires, URSSAF et TVA prises en compte

La France a digitalisé certaines étapes (avec le guichet unique INPI, par exemple), mais reste pénalisée par :

  • des multiples interlocuteurs (URSSAF, impôts, banque, INSEE…)

  • des délais bancaires longs (jusqu’à 3 semaines pour ouvrir un compte pro)

  • une complexité perçue : seuls 8 % des Français se disent prêts à créer leur entreprise, contre 45 % aux Pays-Bas (source : Eurobaromètre 2024)

Les pays les mieux classés en Europe

Selon le Doing Business Index 2020, complété par des données Bpifrance, Eurostat et Eurobaromètre :

Pays Rang Doing Business (2020) Délai moyen de création d’entreprise Remarques
🇩🇰 Danemark 4e 1 jour Procédures 100 % en ligne, signature numérique validée
🇪🇪 Estonie 18e 24h e-residency, plateforme centralisée, zéro papier
🇳🇱 Pays-Bas 24e 3–5 jours Démarches simplifiées, fiscalité PME avantageuse
🇫🇮 Finlande 20e 3–5 jours Bonne intégration numérique, soutien aux créateurs
🇫🇷 France 32e 15 à 45 jours (réel) Bonne volonté politique, mais complexité persistante


La France progresse, mais reste en deçà des standards nordiques ou baltes, où la culture de l’efficacité administrative est plus enracinée — et soutenue par un usage massif du numérique.

Note: En 2024, la Banque mondiale a publié un nouveau rapport intitulé Business Ready (B-READY). Ce rapport est essentiellement une version actualisée du rapport Doing Business.

B-READY 2024 analyse 50 pays en fonction de facteurs tels que la facilité d'ouverture d'une entreprise, les contraintes réglementaires et l'efficacité entre les secteurs public et privé. 

Malheureusement, la France n'a pas été incluse dans ce premier rapport. Parmi les pays européens, les plus performants sont :

  • Cadre réglementaire : Portugal, République slovaque, Bulgarie, Roumanie, Grèce
  • Services publics : Estonie, Croatie, Portugal, République slovaque, Grèce
  • Efficacité opérationnelle : Estonie, Macédoine du Nord, Bulgarie, République slovaque

L’accès au crédit pour les PME : un révélateur de maturité économique

Créer une entreprise, c’est bien. Pouvoir la financer à court et moyen terme, c’est indispensable.

Et dans ce domaine, tous les pays européens ne jouent pas à armes égales.

L’accès au crédit reste un critère majeur pour juger si un pays est vraiment "PME-friendly". Taux d’acceptation, délais de réponse, diversité des acteurs, part des fintechs, garanties demandées : autant de facteurs qui influencent directement la capacité d’une jeune entreprise à se développer rapidement ou stagner faute de fonds.

Ce que disent les chiffres

Selon l’enquête Survey on the Access to Finance of Enterprises (SAFE, BCE & Commission européenne, 2023) :

  • 27 % des PME françaises déclarent rencontrer des difficultés à obtenir un crédit bancaire
  • La moyenne européenne est à 19 %

  • En Estonie, aux Pays-Bas et au Danemark, ce taux tombe à 12 % ou moins

Autre indicateur clé : les délais de réponse des banques. En France, il faut en moyenne 3 à 6 semaines pour obtenir un accord de crédit professionnel. En Estonie ou au Danemark, ce délai est souvent réduit à moins de 10 jours, grâce à la digitalisation et à des outils de scoring automatisés.

Enfin, la part du financement non bancaire (fintechs, plateformes B2B, affacturage, crédit court terme) reste faible en France (~12 %), contre plus de 25 % aux Pays-Bas ou au Danemark (source : OECD SME Finance Scoreboard, 2023).

Comparatif de l’accès au crédit PME en Europe

Voici une synthèse des conditions d’accès au crédit pour les PME dans les pays étudiés :

Pays Difficulté perçue à obtenir un crédit Délais d’obtention Observations
🇫🇷 France 27 % 3 à 6 semaines Procédures lourdes, garanties importantes, faible ouverture aux fintechs
🇪🇪 Estonie 10 % 10 jours Accès 100 % digitalisé, scores basés sur flux bancaires en temps réel
🇳🇱 Pays-Bas 12 % ~15 jours Écosystème concurrentiel, forte part de financement non bancaire
🇩🇰 Danemark 9 % ~10 jours Banques coopératives + intégration des fintechs dans le financement pro

Pourquoi c’est crucial pour une PME

Pour une petite ou moyenne entreprise, la rapidité d’accès au financement peut faire la différence entre croissance et stagnation. Quand la trésorerie est tendue, que les délais clients s’allongent ou qu’un gros contrat se présente, chaque jour compte. Or, dans beaucoup de pays, les systèmes bancaires traditionnels ne sont pas calibrés pour suivre le rythme réel des PME.

  • Un crédit qui met 6 semaines à arriver est souvent trop tard pour saisir une opportunité commerciale ou absorber une hausse de BFR.

  • Un refus mal expliqué freine la croissance et pousse certaines entreprises à puiser dans leur épargne ou à retarder des embauches.

  • Le manque d’alternatives au financement bancaire pénalise les jeunes entreprises, les indépendants ou les secteurs non standardisés.

En résumé : un pays "business-friendly" ne se contente pas de faciliter la création. Il met aussi en place des solutions de financement souples, rapides et adaptées à la réalité terrain des PME.

Délais de paiement B2B : le vrai test de fluidité économique

Quand on parle d’environnement “business-friendly”, on pense souvent création d’entreprise ou fiscalité. Mais il y a un facteur tout aussi déterminant, en particulier pour les PME : le respect des délais de paiement entre entreprises.

Un écosystème où les factures sont réglées à l’heure, c’est :

  • moins de stress sur la trésorerie,

  • moins de recours au financement externe,

  • et plus de prévisibilité pour investir ou embaucher.

À l’inverse, des retards chroniques peuvent étouffer une PME rentable sur le papier, mais privée de cash au quotidien.

Les chiffres en Europe

Selon l’étude annuelle de la Commission européenne sur les retards de paiement (2024) :

  • En moyenne, les entreprises françaises règlent leurs factures à 62 jours

  • En comparaison : 41 jours en Allemagne, 66 jours au Danemark, et 56 jours en Portugal

  • 59 % des PME européennes affirment que les retards de paiement limitent leur capacité à investir ou à innover.

En 2023, la plupart des États membres (21 sur 27) ont enregistré une détérioration de la part des entreprises touchées par les retards de paiement, tandis que seuls quatre ont constaté une amélioration.

Dans deux États membres, la situation est restée relativement stable. 

Les délais de paiement moyens semblent s'être détériorés davantage dans les transactions entre entreprises (B2B) que dans les transactions entre administrations publiques et entreprises (G2B). Bien que les administrations publiques continuent de payer plus tardivement que le secteur privé dans tous les États membres, l' écart entre eux semble se réduire.

Le coût invisible du "crédit inter-entreprises"

En Europe, plus de 18 milliards de factures sont émises chaque année, soit environ 500 par seconde. Et quand elles sont payées en retard :

  • Ce sont les PME qui servent de banquiers involontaires à leurs clients

  • Leur besoin en fonds de roulement (BFR) explose

  • Elles sont obligées de retarder leurs propres paiements (fournisseurs, salaires, charges)

Selon des estimations relayées par la Commission européenne, les retards de paiement en B2B représenteraient plus de 27 millions d’heures perdues chaque année dans l’UE, soit l’équivalent de plus de 5,8 milliards d’euros de productivité.

Comparaison des retards de paiement entre les pays

Voici une comparaison synthétique des délais moyens de paiement interentreprises :

Pays Délai moyen B2B Remarques
🇫🇷 France 62 jours Malgré la loi LME, les retards persistent hors grands groupes
🇩🇪 Allemagne 41 jours Culture du paiement ponctuel, forte pression commerciale
🇩🇰 Danemark 66 jours Délais courts et respectés, sanctions automatiques
🇮🇹 Italie 62 jours Délais très longs, peu de sanctions en pratique
🇮🇪 Irlande 52 jours Se situe constamment quelques points de pourcentage en dessous de la moyenne UE
🇸🇪 Suède 63 jours Bien que lents, les paiements B2B sont beaucoup plus rapides que les transactions G2B.

Ce qu’on peut en tirer

Les bons élèves ont tous un point commun : des règles simples, des outils numériques, et une tolérance zéro pour les retards.

👉 En France, malgré la loi LME qui impose un délai maximum de 60 jours (ou 45 jours fin de mois), les retards restent fréquents, notamment dans l’industrie, la construction et les services aux entreprises.

Le résultat : les PME françaises doivent financer elles-mêmes le crédit qu’elles accordent à leurs clients, souvent sans aucune contrepartie.

Ce que la France peut apprendre des pays vraiment business-friendly

Face à des délais de paiement courts, des créations d’entreprise express et un accès rapide au crédit, certains pays européens montrent la voie d’un environnement vraiment fluide pour les PME.

Pas besoin de réinventer la roue : des modèles efficaces existent déjà. Il suffit de s’en inspirer intelligemment.

🇪🇪 Estonie : la startup administrative de l’Europe

Depuis 20 ans, l’Estonie a transformé son administration en plateforme numérique.

  • Création d’entreprise en ligne en moins de 24h, grâce à un registre totalement digital

  • E-residency : les étrangers peuvent créer une entreprise estonienne à distance

  • Toutes les démarches (banque, impôts, URSSAF, TVA…) se font sur une interface unique

  • Les factures électroniques sont obligatoires et standardisées, via un réseau national interopérable (X-Road)

  • Les retards de paiement sont rarissimes, car les échanges de données sont en temps réel et contrôlés automatiquement

Pourquoi ça fonctionne ? Parce que tout est pensé pour réduire les frictions. Le temps de l’entrepreneur est une ressource publique. L’État s’est organisé pour ne pas le gaspiller.

🇩🇰 Danemark : efficacité nordique, stabilité à long terme

Le Danemark combine cadre prévisible, normes simples et culture du respect des règles.

  • Création d’entreprise en une journée, via une plateforme intégrée

  • Fiscalité lisible, peu de variations réglementaires, peu d’ambiguïté

  • Banques coopératives et acteurs publics (Vækstfonden) qui soutiennent activement les PME

  • Délais de paiement courts, avec sanctions automatiques en cas de retard

  • Bon maillage de financement publique/privé pour l’innovation

Pourquoi ça fonctionne ? Parce que l’écosystème est stable, lisible, fiable, trois qualités que les PME apprécient autant que les grands groupes.

🇳🇱 Pays-Bas : pragmatisme et ouverture

Les Pays-Bas offrent un équilibre intéressant entre souplesse réglementaire et accès facilité au financement.

  • Création rapide (3–5 jours), formalités concentrées

  • Système fiscal plutôt favorable aux petites structures

  • Banques, plateformes et coopératives se livrent une concurrence saine sur le financement

  • Délais de réponse courts, même pour des structures récentes ou atypiques

  • Forte culture business, y compris à l’international

Pourquoi ça fonctionne ? Parce que l’approche est centrée sur l’entreprise, pas sur l’administration. L’État pose des règles simples, puis laisse les entrepreneurs avancer.

Ce que la France peut copier, dès maintenant

Ce qu’ils font Ce que la France peut adapter
Création 100 % en ligne, centralisée (Estonie, Danemark) Guichet unique réellement interconnecté et réactif
Délais de paiement encadrés et contrôlés automatiquement Systèmes de relance et de pénalités automatiques
Accès rapide au crédit via des scores bancaires temps réel Généraliser l’open banking pour fluidifier l’analyse de risque
Facturation électronique standardisée et obligatoire Généraliser les PDP interopérables avant 2026

PME : créez vite, financez intelligemment

Créer une entreprise rapidement, obtenir du financement en quelques jours, être payé à l’heure : dans certains pays européens, c’est déjà une norme.

En France, ces avancées arrivent — mais souvent à petit pas.

La bonne nouvelle, c’est que vous n’avez pas besoin de délocaliser votre siège social à Tallinn pour en profiter. Avec les bons outils, les bons partenaires et une bonne organisation, vous pouvez piloter votre PME avec la même agilité qu’une entreprise danoise ou estonienne.

Chez Defacto, nous croyons à une trésorerie fluide, pilotée en temps réel, connectée à vos outils comptables et bancaires.

Si vous prenez la gestion de votre cash au sérieux, vous devriez savoir comment Defacto peut vous aider à financer plus vite, plus intelligemment, et sans friction

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FAQ – Créer une entreprise en Europe : ce qu’il faut savoir

Quel est le meilleur pays européen pour créer son entreprise en 2025 ?

D’un point de vue administratif, l’Estonie reste le plus avancé grâce à sa plateforme 100 % digitale et son système d’e-residency. Mais pour l’accès au crédit et la stabilité, le Danemark et les Pays-Bas sont aussi de très bons choix.

Pourquoi la France est-elle en retard sur la création d’entreprise ?

La création juridique est rapide, mais les étapes post-création (banque, URSSAF, TVA) restent longues et morcelées. Le système progresse, mais manque encore d’intégration et de simplicité.

Est-ce plus facile d’obtenir un crédit PME à l’étranger ?

Dans plusieurs pays (Estonie, Pays-Bas, Finlande), les procédures de crédit pro sont digitalisées et plus rapides. En France, les délais restent longs et les garanties nombreuses, même pour des entreprises solides.

Morgan O'hana

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