Pourquoi s'intéresser au free cash flow ?
Le free cash flow (ou flux de trésorerie disponible, en français) est un indicateur souvent réservé aux grandes entreprises cotées. Pourtant, il est tout aussi utile pour les PME, car il donne une vision très concrète de leur capacité à générer du cash – du vrai cash, disponible.
En résumé : le chiffre d’affaires dit ce que vous vendez. Le résultat net dit si vous êtes rentable. Mais le free cash flow dit si vous avez vraiment de l’argent à disposition. Et c’est souvent ce qui fait la différence entre une entreprise qui avance, et une entreprise qui subit.
Définition du free cash flow (FCF)
Le free cash flow correspond à l'argent liquide qu'une entreprise génère après avoir financé son activité courante (coûts opérationnels) et ses investissements nécessaires (machines, logiciels, véhicules, etc.).
C’est la trésorerie réellement disponible pour :
- rembourser une dette
- verser un dividende
- constituer une réserve
- financer une croissance ou un nouveau projet
On peut donc dire que le FCF est le cash que vous pouvez utiliser librement, une fois les obligations réglées.
Formule de calcul du free cash flow
Il existe plusieurs variantes, mais la formule la plus courante est :
Free cash flow = flux de trésorerie opérationnel – investissements nets
Soit, en version simplifiée :
FCF = EBITDA – impôts – variation du BFR – CAPEX
Avec :
- EBITDA : résultat d’exploitation avant amortissements
- Impôts : impôts réellement payés
- Variation du BFR : augmentation ou baisse du besoin en fonds de roulement
- CAPEX : investissements corporels et incorporels (machines, outils, licences…)
Exemple simplifié pour une PME industrielle
Une PME dans le secteur de la fabrication de pièces techniques réalise en 2024 :
- EBITDA : 400 000 €
- Impôts : 50 000 €
- Variation du BFR : +70 000 € (le BFR a augmenté, donc consomme du cash)
- CAPEX : 90 000 € investis dans de nouveaux équipements
Le calcul du free cash flow est donc :
FCF = 400 000 – 50 000 – 70 000 – 90 000 = 190 000 €
👉 Cette entreprise a généré 190 000 € de trésorerie réellement disponible. C’est ce qu’il lui reste après avoir payé ses charges, ses impôts, absorbé la hausse du BFR et financé ses investissements.
Pourquoi le FCF est si utile pour les PME ?
Contrairement aux grands groupes, les PME n’ont pas toujours les moyens d’accéder à des analyses financières complexes. Le FCF est un indicateur simple à suivre et extrêmement parlant.
Voici ce qu’il permet de comprendre :
1. Avez-vous de la marge de manœuvre ?
Si votre free cash flow est positif, cela signifie que vous pouvez :
- rembourser plus vite un prêt
- investir dans un nouveau projet
- recruter, sans creuser un découvert
Si votre FCF est négatif, il faut regarder si c’est ponctuel (ex : gros investissement exceptionnel), ou si votre modèle consomme du cash structurellement.
2. Votre croissance est-elle soutenable ?
Générer plus de chiffre d’affaires est utile. Mais si cela s’accompagne d’un BFR qui explose, ou d’investissements non rentables, votre trésorerie s’assèche. Le FCF permet de valider la qualité de la croissance.
3. Votre entreprise peut-elle résister à un choc ?
En période de tension (hausse des matières premières, perte d’un client, paiement retardé), un bon free cash flow permet de tenir sans paniquer. C’est un coussin de sécurité.
Trois cas concrets de FCF en PME
Cas n°1 – Une entreprise de maintenance industrielle
- EBITDA : 300 000 €
- CAPEX : 30 000 €
- Variation BFR : –20 000 € (le BFR a baissé, libérant du cash)
- Impôts : 40 000 €
👉 FCF = 300 000 – 40 000 – (–20 000) – 30 000 = 250 000 €
Très bonne année. L’entreprise a réussi à réduire son BFR, ce qui libère de la trésorerie.
Cas n°2 – Un traiteur B2B en pleine croissance
- EBITDA : 200 000 €
- CAPEX : 40 000 €
- Variation BFR : +60 000 € (plus de stock, plus de créances clients)
- Impôts : 20 000 €
👉 FCF = 200 000 – 20 000 – 60 000 – 40 000 = 80 000 €
FCF positif, mais fragile. La croissance consomme du cash. L’entreprise doit surveiller ses délais de paiement clients et la taille de son stock.
Cas n°3 – Une société de services informatiques
- EBITDA : 150 000 €
- CAPEX : 0 €
- Variation BFR : 0 €
- Impôts : 30 000 €
👉 FCF = 150 000 – 30 000 – 0 – 0 = 120 000 €
Pas de CAPEX, pas de variation de BFR : modèle très cash-efficient. L’entreprise pourrait investir plus sans danger.
Bonnes pratiques pour suivre et améliorer votre FCF
Voici quelques actions simples à mettre en place :
- Suivez votre FCF trimestre par trimestre, pour observer les tendances
- Optimisez votre BFR : relance client rapide, négociation fournisseurs, gestion de stock fine
- Évitez les CAPEX mal calibrés : mieux vaut louer ou sous-traiter qu’acheter trop vite
- Automatisez vos flux de trésorerie : avec un outil connecté (ERP, logiciel comptable, plateforme de financement)
En conclusion : suivez votre cash, pas seulement vos marges
Le free cash flow est un indicateur clé, souvent négligé dans les PME. Pourtant, il reflète votre capacité à faire face, à investir et à croître sans vous mettre en danger.
- Bonne marge + bon FCF = entreprise saine et solide.
- Bonne marge + mauvais FCF = entreprise fragile.
Et si votre FCF est momentanément sous pression, mais que vos factures clients sont solides, il existe des solutions pour retrouver de la liberté rapidement.