Fonds propres : définition, enjeux et leviers pour les PME

May 26, 2025
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Les fonds propres sont au cœur de la santé financière d’une entreprise. Pourtant, beaucoup de dirigeants de PME les connaissent mal. Cet article vous explique ce qu’ils sont, pourquoi ils comptent, et comment les gérer intelligemment.

Qu’est-ce que les fonds propres ? Définition simple

Les fonds propres représentent les ressources stables dont dispose une entreprise. Autrement dit : c’est l’argent qui reste à l’entreprise après avoir payé ses dettes.

Ils incluent :

  • le capital social (apports des associés ou actionnaires)

  • les réserves (bénéfices non distribués)

  • le résultat net (bénéfices ou pertes de l’exercice)

  • les primes d’émission et écarts de réévaluation

Contrairement aux dettes, les fonds propres n’ont pas de date d’échéance. Ils financent durablement l’activité, absorbent les pertes éventuelles et rassurent partenaires et investisseurs.

Exemple concret

Une PME du BTP avec 500 000 € de capital social, 100 000 € de réserves et 50 000 € de bénéfice net a 650 000 € de fonds propres. Même en cas de crise, ces fonds restent mobilisables.

Pourquoi les fonds propres sont-ils cruciaux pour les PME ?

Pour une PME, disposer de fonds propres solides est vital. Cela renforce la capacité à investir, à résister aux chocs et à négocier avec les partenaires financiers.

Principaux avantages :

  • Autonomie financière : moins de dépendance aux banques.

  • Capacité d’emprunt accrue : un bon niveau de fonds propres améliore la notation bancaire.

  • Résilience : en cas de crise (Covid, hausse des coûts), les fonds propres jouent le rôle d’amortisseur.

  • Accès à l’innovation : plus de marge pour financer R&D ou transformation digitale.

Benchmark PME

Selon la Banque de France, le ratio de fonds propres moyen des PME françaises est de 30 %. En dessous de ce seuil, les banques deviennent frileuses.

Quel rôle dans la gestion de trésorerie ?

Les fonds propres s’inscrivent dans une stratégie globale de gestion de trésorerie et de besoin en fonds de roulement (BFR).

Ils servent à :

  • financer le BFR quand les délais clients s’allongent

  • absorber les pertes sans recourir à l’endettement

  • soutenir la croissance, notamment dans les phases de scale-up

Exemples

  • Une PME e-commerce investit dans son stock avant Noël : ses fonds propres couvrent ce besoin temporaire.

  • Un fabricant subit des retards de paiement : les fonds propres évitent une crise de liquidité.

Contextes réels : quand les fonds propres font la différence

Les chiffres seuls ne suffisent pas. Voici comment les fonds propres se traduisent dans la vraie vie.

  • Cas 1 – PME industrielle : Après un incendie partiel, l’assurance tarde à rembourser. Grâce à ses fonds propres, l’entreprise relance rapidement la production sans emprunter.

  • Cas 2 – Start-up SaaS : Pour lever des fonds, l’investisseur exige un ratio fonds propres / total bilan > 20 %. La start-up capitalise ses bénéfices pour atteindre ce seuil et sécuriser l’investissement.

  • Cas 3 – PME familiale : Face à l’augmentation des taux bancaires, elle utilise ses réserves pour moderniser son outil de production, sans dette.

Comment améliorer ses fonds propres ?

Renforcer ses fonds propres est un enjeu stratégique pour toute PME. Cela ne se résume pas à « lever des fonds » : plusieurs leviers existent, à adapter selon la taille, l’activité et les objectifs de l’entreprise. 

Voici les principales options, expliquées avec contexte et exemples.

1. Capitalisation : transformer des dettes en capital social

La capitalisation consiste à intégrer dans le capital social des sommes qui étaient initialement des dettes, par exemple des comptes courants d’associés. Cela améliore immédiatement la solidité financière sur le papier et rassure les créanciers.

Exemple : Une PME familiale convertit 200 000 € de compte courant d’associé en capital social avant de négocier un prêt bancaire. Résultat : son ratio fonds propres / total bilan grimpe de 18 % à 25 %, ce qui facilite l’obtention du crédit.

2. Mise en réserve des bénéfices

Au lieu de distribuer l'intégralité de ses bénéfices sous forme de dividendes, une entreprise peut décider d'en conserver une partie sous forme de réserves. Cette stratégie renforce ses fonds propres de manière autonome, sans recourir à un apport extérieur ou à de la dette.

Pourquoi c’est utile :

  • Conserver une capacité d’autofinancement.
    En accumulant des bénéfices non distribués, l’entreprise se dote de moyens pour financer ses dépenses courantes sans dépendre du crédit. Cela réduit sa dépendance aux financements externes et lui donne une plus grande marge de manœuvre sur sa trésorerie, en particulier en période de tension sur le BFR.

  • Préparer un investissement futur.
    La mise en réserve permet d’anticiper un projet structurant : achat de matériel, ouverture d’un nouveau site, développement d’un produit. En constituant progressivement cette réserve, l’entreprise peut investir sans alourdir son endettement ni diluer son capital.

  • Se constituer un matelas de sécurité.
    En cas de baisse d’activité, de perte d’un gros client ou de choc exogène (ex : hausse brutale des prix des matières premières), cette réserve joue un rôle de tampon. Elle permet d’amortir le choc sans remettre en cause la continuité d’exploitation.

Exemple concret

Une entreprise de services informatiques spécialisée dans le développement SaaS choisit de mettre en réserve 50 % de son résultat net chaque année. En trois exercices, elle constitue un matelas de 600 000 €. Lorsqu’une opportunité d’implantation en Allemagne se présente, elle peut financer l’ouverture de sa filiale locale (recrutement, marketing, bureaux) sans faire appel à un emprunt bancaire ni lever de fonds dilutifs.

3. Apports en compte courant d’associé

Les dirigeants ou associés peuvent prêter temporairement des fonds à leur entreprise via un compte courant d’associé. Juridiquement, ces sommes sont considérées comme une dette envers l’associé, mais elles permettent de renforcer la trésorerie à court terme, souvent sans formalisme bancaire. En cas de besoin stratégique, elles peuvent aussi être converties en capital.

Pourquoi c’est utile :

  • Rapide à mettre en place.
    Aucun besoin d’accord bancaire : une simple convention suffit. C’est un levier activable en quelques jours, particulièrement utile pour faire face à un besoin ponctuel de financement.

  • Flexible (remboursable à tout moment).
    L’entreprise peut restituer les fonds dès que sa trésorerie le permet, sans pénalité. Cela permet de lisser les besoins en liquidités sans bloquer durablement des ressources.

  • Montre l’engagement des dirigeants.
    C’est un signal fort envoyé aux partenaires financiers, aux salariés et aux clients : les associés croient dans le projet et s’engagent personnellement pour sa réussite.

Exemple concret

Une start-up de la foodtech, en forte croissance, doit préfinancer une commande de grande distribution de 300 000 €. Les fondateurs apportent 100 000 € en compte courant pour absorber le pic de BFR. Ce soutien immédiat permet de produire et livrer à temps, sans recourir à un prêt bancaire.

4. Recherche d’investisseurs externes

Faire entrer des investisseurs au capital est l’un des leviers les plus puissants pour renforcer durablement les fonds propres. Cette démarche peut prendre plusieurs formes : cercle proche ("love money"), business angels, fonds d’investissement régionaux ou capital-risque. Elle nécessite une préparation rigoureuse, mais ouvre aussi de nouvelles perspectives.

Pourquoi c’est utile :

  • Préparer un dossier solide.
    Pitch deck, business plan, comptes prévisionnels, analyse du marché : tout doit être clair, sourcé, crédible. Un investisseur cherche un projet bien structuré, pas seulement une bonne idée.

  • Anticiper les conséquences sur la gouvernance.
    Lever des fonds implique souvent d’accueillir de nouveaux associés au capital. Cela peut modifier les équilibres de décision : mieux vaut en discuter en amont (droits de vote, pacte d’associés, etc.).

  • Bien choisir ses partenaires.
    Un bon investisseur apporte bien plus que de l’argent : expertise sectorielle, réseau, crédibilité. Il vaut mieux un partenaire aligné sur votre vision qu’un financeur opportuniste.

Exemple concret

Une PME industrielle de 80 salariés spécialisée dans les composants électroniques souhaite moderniser ses équipements pour répondre à la demande croissante. Elle lève 2 M€ auprès d’un fonds régional. 

Résultat : ses fonds propres triplent, elle décroche une ligne de crédit plus large auprès de sa banque, et renforce sa capacité à répondre à de nouveaux appels d’offres.

5. Solutions hybrides et alternatives

Certaines solutions permettent de renforcer les quasi-fonds propres :

  • Financement participatif en capital (equity crowdfunding) : les PME collectent des fonds auprès de particuliers via des plateformes spécialisées.

  • Obligations convertibles : dette transformable en actions selon certaines conditions.

Exemple : Une jeune marque de cosmétiques lève 500 000 € en equity crowdfunding pour financer son développement international. Elle gagne non seulement des fonds propres, mais aussi une communauté de clients-ambassadeurs.

Conseil final

Il n’existe pas de recette universelle. L’important est de combiner plusieurs leviers, selon le cycle de vie et les besoins de l’entreprise. Un diagnostic régulier avec l’expert-comptable ou le CFO est indispensable pour piloter cette stratégie.

Conclusion

Comprendre la définition des fonds propres, c’est déjà mieux piloter son entreprise. Pour les PME, ils sont plus qu’un chiffre au bilan : ce sont des leviers d’indépendance, de résilience et de croissance.

Chez Defacto, nous accompagnons les PME pour optimiser leur gestion de trésorerie et renforcer leur structure financière. Découvrez comment sur getdefacto.com.

Augustin Tiberghien

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